Au moment où j’écris ces lignes Montréal est à nouveau en confinement partiel, ce qui signifie dans mon cas que tous mes contrats et activités de l’automne sont annulés (ateliers au Centre du Vieux-Moulin, cours d’initiation à l’aquarelle chez Tonic, atelier pour enfants aux Journées de la culture). C’est un retour à la case départ, excepté que cette fois-ci, les enfants peuvent continuer d’aller à la garderie. Je me retrouve donc devant le privilège d’avoir du temps pour pouvoir créer, penser à de nouveaux projets, me renouveler.
J’ai profité d’une superbe journée d’automne pour aller marcher au Parc des Rapides de Lachine, un de mes endroits préférés sur l’île. J’avais besoin de sortir de la maison pour changer de décor, et la marche est le meilleur moyen selon moi pour trouver de l’inspiration, s’aérer l’esprit et faire le vide. Ce n’était pas recommandé de s’arrêter au parc pour une petite séance de dessin extérieure, alors j’ai pris plusieurs photos des formes et couleurs qui ont attiré mon attention. J’ai essayé de capturer des compositions intéressantes mais ce n’était pas le but principal, je voulais surtout me concentrer sur les fleurs et les contrastes de couleurs.
À partir des photos, j’ai d’abord fait quelques fleurs à l’aquarelle, qui seront les éléments les plus vibrants de la composition. J’y suis allée d’un coup de pinceau très libre, l’attention n’étant pas mise sur les petits détails. C’était surtout un exercice de croquis, un prétexte pour jouer avec les formes et couleurs tout simplement. J’ai ensuite ajouté des feuillages de premier plan, qui sont plus définis. Ensuite, j’ai rempli les espaces avec des zones un peu floues, en mouillant d’abord le papier et en y apposant des couleurs plus ou moins concentrées, qui se mélangeront d’elles-même sur le papier. Cette étape doit se faire très rapidement afin d’éviter que le papier ne sèche entre l’application des différentes couleurs. Quand tout était bien sec, j’ai ajouté à certains endroits un peu de texture au crayon de couleur.
Les matériaux
J’ai utilisé un carnet de croquis pour l’aquarelle Arteza, papier pressé à froid dont j’aime beaucoup la texture et son niveau d’absorption. Les crayons de couleur viennent de chez DeSerres, et l’aquarelle est de la marque ShinHan. Les principales couleurs que j’ai utilisées sont Rose Opéra, Vert d’ombre et Jaune Permanent Clair.
Mes trucs pour réussir un croquis d’après nature
Même quand je travaille sur une illustration rapide, dont le but est uniquement de jouer avec la couleur et dégourdir le geste, je m’impose quelques règles de composition pour un résultat tout de même harmonieux et agréable à regarder. Voici quelques conseils pour un croquis réussi, et qui peuvent s’appliquer à n’importe quel type d’illustration:
Laisser du blanc
Que ce soit à l’intérieur ou autour des formes, on évite de remplir le moindre petit espace avec de la couleur. À l’aquarelle, le blanc du papier apporte une certaine légèreté à la composition.
Contraste chaud-froid
La juxtaposition de couleurs chaudes et froides est un choix efficace et vibrant dans une composition. C’est une formule vieille comme le monde, mais qui marche à coup sûr! La nature fait si bien les choses qu’on retrouve ce type de combinaison partout: les teintes chaudes de jaune, rouge et roses des fleurs qui se démarquent sur un feuillage vert en sont un bon exemple.
Contraste de valeurs
À l’aquarelle, on obtient différentes valeurs en ajoutant plus ou moins d’eau à notre couleur. Pour créer de la profondeur, on joue avec ces différents niveaux. Les éléments plus éloignés seront plus ‘clairs’, plus dilués que les éléments de premier plan, beaucoup plus vifs et concentrés en pigments.
Différents niveaux de détails
Il est intéressant de travailler certains éléments avec plus de détails et de textures, comme les éléments de premier plan, et laisser certaines zones plus floues, esquissées en seulement quelques traits.
Amplitude du geste
On privilégie un geste libre, spontané, et on se permet de prendre tout l’espace sur la page. Si c’est dans un cahier, on peut utiliser deux pages. On essaie de travailler sur un plus gros format qu’à notre habitude.
Rappel de couleurs
Dans le cas d’une couleur vive, il peut être judicieux de faire un rappel de cette couleur dans notre illustration. Ce rappel de couleur peut être de saturation (valeur) variée. Dans mon exemple, le rose opéra revient à plusieurs endroits. Avec du recul je crois que j’en aurais rajouté un peu au centre de ma page. Cette couleur vive invite le regard à se déplacer un peu partout dans l’image.
Je pourrais parler de composition pendant des pages et des pages! J’espère au moins vous avoir donné l’envie de sortir vous imprégner des magnifiques couleurs de l’automne!